LE RAPPORT DE L'ONU

Les rapports de l’ONU se succèdent et sont toujours aussi désastreux pour la France. Nous pouvons bien évidemment nous en offusquer tant l’approche est à charge.

Ainsi, le dernier rapport (CRPD/C/FRA/CP/1), publié en septembre 2021, félicite la France en quelques lignes sur les avancées de sa politique handicap et développe en 18 pages les points jugés préoccupants. Il reste néanmoins éclairant sur les changements amorcés dans notre secteur. Nous ne pouvons les ignorer. Nous devons les comprendre et les assimiler.

L’approche par les droits de la personne handicapée et non par le soin n’est pas aujourd’hui pour nous déplaire tant notre énergie, depuis de nombreuses années, est consacrée à défendre la place de chaque citoyen, quelle que soit sa vulnérabilité. L’école, la formation, l’emploi, l’hébergement, les activités sportives, culturelles, etc. sont investis par les personnes que nous accompagnons.

L’objectif commun des professionnels est de permettre à chaque personne en situation de handicap de poursuivre son parcours dans la cité. Le collectif de professionnels co-construit avec la personne son projet ; celui-ci n’est pas une simple juxtaposition d’actes individuels. C’est ce qui fait sa force. L’institution est ici présente avec ses différents modes d’accompagnement.

L’ONU voit néanmoins de la maltraitance dans nos organisations institutionnelles, quelle qu’en soit la taille. Leur suppression est, selon elle, nécessaire tant elles vont à l’encontre des intérêts individuels. La personne handicapée a des droits et doit pouvoir les exercer. L’institution doit laisser place à des plateformes de services dans lesquelles, chaque individu en fonction de ses droits et de ses besoins de compensation va pouvoir piocher. Seul le bénéficiaire en évaluera la pertinence.

L’établissement est ici gestionnaire de services, coordonnateur mais non prescripteur. La garantie de l’exercice des droits est portée par la personne handicapée elle-même.

Nous percevons bien-sûr les avancées que représentent pour les personnes l’affirmation de leurs droits et de leurs choix, mais nous ne pouvons ignorer les risques de pertes en l’abscence d’institution : ceux des engagements et des savoirs collectifs des professionnels. Nous ne pouvons nous résoudre à l’absence d’approche multifactorielle au profit du morcellement des prestations. La multiplication des structures de coordination, en l’absence de transversalité suffisante, interroge…

 

Magali DEWERDT
Directrice Générale de l’ALGEEI